Véronique Buist

La pratique de Véronique Buist se tisse à travers l’observation magnifiée d’enjeux perceptifs depuis divers espaces tridimensionnels. Son travail propose un éloignement par rapport à la manière intégrée, puis automatisée, d’appréhender objets, espace et temps. En faisant fi des paradigmes usuels liés à la vision stéréoscopique, les jeux d’échelles proposés dans les œuvres de l’artiste convient à une analyse disjointe de l’appréciation habituelle des volumes.

Buist pratique l’art de la broderie d’une manière résolument contemporaine mettant en lumière les sillons laissés par le geste qui transparaissent à travers la matière. En effet, alors que traditionnellement, ce médium visait l’atteinte d’un rendu esthétique irréprochable tant à l’avant qu’à l’arrière de l’œuvre réalisée, l’artiste prône plutôt une valorisation de l’imparfait via la contemplation des revers, des nœuds et des accidents de parcours. L’accumulation de matière, de textures brodées et de mouvements répétitifs, des récits poétiques se dressent pour réfléchir à l’organisation de l’espace, des volumes qui nous entourent, au potentiel des matériaux et parcours qui habitent notre environnement.

Buist honore ainsi la préciosité de l’accident et du processus - tant créatif qu’intrapersonnel - en proposant, à travers ses œuvres, une réflexion portant sur la perception de soi, de l’autre et des espaces depuis un point de vue inévitablement partiel. À travers une réappropriation de la technique ancestrale qu’est la broderie, l’artiste transforme les paradigmes conceptuels et plastiques de ce médium si longuement associés aux arts dits mineurs et aux pratiques féminines démontre, de manière assumée, le droit à l’autodétermination artistique. 

De surcroît, c’est de façon autonome que Véronique Buist s’implique entièrement dans la conception de ses œuvres depuis la fabrication de son papier, ce dernier étant réalisé de manière artisanale à partir de fibres de fil à broder et de textiles récupérés. Ici encore, l'artiste se détache de toute pression invisible esthétisante selon laquelle les éléments perçus doivent être optimisés, standardisés ou corrigés.