MissMe

La revue Vice l’a nommée première artiste vandale à Montréal; en effet, l’infatigable MissMe n’a pas froid aux yeux. Elle sillonne la ville pour émailler le paysage urbain de ses maquettes vives et puissantes, et ne rate pas d’occasion pour partager ses convictions. Si son esthétique fougueuse attire les regards, c’est la résonance des voix marginalisées et passées sous silence qu’elle amplifie dans ses créations, qui fait écho chez les passants. Ses irrévérencieuses esquisses retiennent l’attention du public, car MissMe aborde sans ambages les luttes sociales à travers le filtre de son expérience individuelle. Elle explore notamment les inégalités de genre et les conflits raciaux, entre autres problématiques sociétales. Ses grandes et captivantes affiches semblent engloutir les murs de béton dont elle les tapisse à la colle d’amidon. Elles provoquent la réflexion sur la dignité humaine, et incitent chacun à réévaluer ses vérités acquises. Parcourant le monde en voltigeant d’une métropole à une autre, elle canalise savamment le succès international dont elle jouit en portant parole aux femmes et à leur statut central comme exemples et figures-clés de leurs communautés. Chantre d’un nouvel activisme féministe, MissMe est régulièrement invitée à contribuer au discours collectif &mdash en entrevue, en conférence &mdash et organise des ateliers et programmes de création avec les jeunes : elle a notamment figuré dans Complex, HuffPo, Vice et moult autres revues, et livré une allocution pour TED. Son message résonne à travers le monde et fait briller une lumière crue et interlope sur la scène artistique comme dans la rue.

"Selfie Series"

Les « selfies » sont une forme d’autoportraits. Ils peuvent être perçus comme abstraits, mais l’artiste aime penser qu’ils sont, au contraire, une reproduction fidèle de ses émotions, des représentations intimes de sa psyché. Au-delà du genre, plus loin que la traduction classique de l’autoportrait, la série « Selfies » est une tentative d’expression individuelle, une recherche sur l’accès à la nudité de l’âme, constamment en évolution, ainsi que sur ses humeurs en permanente reconstruction. Qu’il s’agisse de la brutalité de leur fini, de la trace vaporeuse de l’aérosol ou du découpage cru de leurs contours, ils sont, aux yeux de l’artiste, une représentation de la perception qu’elle a de sa conscience. En un sens, ses « selfies » peuvent aussi être considérés comme une forme vandale de la femme qu’elle est ou de celles qu’elle observe autour d’elle.