J.FREDE

Bio:

Les œuvres de j,frede ont été présentées à travers les ÉU et l’Europe, au Musée d’art contemporain de Denver, au Boulder Museum of contemporary Art, aux galeries Soundvision (Portland, OR), Ausland (Berlin, German), Machine Project (Los Angeles), et 321 Gallery (NYC), ainsi qu’au Musée d’art de Berkeley (Californie), entre autres. J.frede vit et travaille à Los Angeles.

Démarche :

Les paysages fictifs (Fiction Landscapes) sont composés de photographies banales de divers paysages. Je les glane dans les marchés aux puces, puis les dispose en continuité les unes avec les autres, de telle façon à créer une nouvelle scène constituée d’espaces et de temps vastement différents.

À mon sens, lorsqu’une photographie ne représente pas un point focal donné &mdash comme un être cher, ou un lieu géographique connu &mdash elle devient la trace du moment qu’a vécu le photographe. […] Lorsque ces photos sans sujet discernable se retrouvent pêle-mêle dans les bacs de marchés, leurs associations aux souvenirs sont désormais hermétiques et inaccessibles, comme un journal intime dont l’encre aurait disparu avec son auteur.

En disposant ces images en de nouveaux paysages qui n’ont jamais réellement existé, j’évoque le tissage de ce comportement humain, et réfléchis aux façons dont nous interagissons avec le temps, et le passé. Combien d’individus ont pris la même photo de cette même colline, à cette même aire de repos ? Ce faisant, ils nouent leurs associations individuelles à la vue ; ce peut être un premier voyage avec un nouvel amour ; ou un dernier séjour pour visiter des grands-parents ; un parmi tant d’autres.

Je choisis sciemment d’ignorer les couleurs et les contrastes dans mon choix d’images, me concentrant sur la création d’une parfaite ligne d’horizon. Cela crée des différences assez dramatiques, notamment par les variations lumineuses et les teintes des images, mais permet aussi d’immédiatement reconnaître le passage du temps, des années 1970 aux années 1980, jusqu’à présent. Avec les images en noir et blanc, les décalages entre les époques sont moins évidents, et ces photographies sont souvent lues plutôt comme des « documents » du passé. Alors que nous associons généralement ces photos en noir et blanc au passé et à une époque spécifique &mdash du moins pour ma génération &mdash, celles en couleurs évoquent plutôt « notre passé ».

Par ailleurs, je choisis de ne jamais incorporer des photos personnelles ni familiales, à ce projet, car je veux préserver le concept de monument aux souvenirs perdus que revêt ce projet. Mes connaissances ou associations avec une photographie donnée compromettraient l’intégrité de cette série, et sa magie, même si j’étais le seul à en avoir connaissance. Il m’arrive d’avoir des souvenirs associés à certaines images trouvées, car je reconnais le lieu et parfois même, car j’associe la création d’un paysage à un souvenir d’un moment de ma vie, parfois heureux, ou encore caractérisé par l’anticipation ou la solitude. Ces souvenirs font désormais partie de la création, en plus des souvenirs des collectionneurs qui ont fait l’acquisition des pièces et qui vivent avec elles au quotidien. Leurs souvenirs associés au paysages fictifs perpétuent le processus du travail alors qu’ils demeurent suspendus à un mur, et que la vie continue autour d’eux. &mdash j.frede (2015).